La pathologie des hémorroïdes
mieux comprendre, pour mieux guérir!
Qu’est-ce qu’une hémorroïde ?
C’est une veine, ou plutôt un réseau veineux situé dans le canal anal.
Ce que les gens appellent familièrement « les hémorroïdes » sont en fait des varices: on parle alors de varices hémorroïdaires, ou plus simplement d’hémorroïdes.
Quelles sont les causes fréquentes des varices hémorroïdaires? Il y en a plusieurs :
- Une histoire familiale du côté de la mère ou du père
- La grossesse
- La constipation
- Lever des objets lourds
- Lire sur la toilette
- Jardiner en position accroupie
Bref, ce sont des varices anorectales, et tout ce qui augmente la pression intra-abdominale peut entrainer le gonflement des veines hémorroïdaires et la formation de varices.
On particulier, certaines personnes ont pris l’habitude de rester sur la toilette pendant de longues périodes (10 minutes et plus) : soit qu’elles attendent la défécation, soit qu’elles aiment bien lire en paix dans le petit coin. Excellente façon de développer des varices hémorroïdaires !
Quoi faire alors? Si la défécation ne vient pas, ne pas attendre plus de trois minutes, se lever et faire autre chose. Le mouvement de défécation reviendra bien et il sera temps de retourner compléter la chose. Ainsi, la personne deviendra en contrôle de son rectum et non l’inverse.
Grade des hémorroïdes
Les chirurgiens évaluent le grade des hémorroïdes selon l’échelle suivante :
- Grade 1 : Aucun prolapsus : elles restent à l’intérieur. Elles peuvent être laissées en place, si elle ne donnent pas de symptômes, comme des saignements ou des inconforts.
- Grade 2 : prolapsus réductible spontanément : elles sortent et rentrent toutes seules. Elles peuvent être aisément ligaturées.
- Grade 3 : prolapsus avec réduction manuelle : il faut pousser pour les faire rentrer. Elles peuvent être ligaturées.
- Grade 4 : prolapsus non réductible : elles ne rentrent pas, même en poussant. Elles peuvent nécessiter une autre approche thérapeutique, la cryothérapie ou même la chirurgie.
On observe souvent une combinaison de plusieurs grades chez une même personne.
Récidive d’hémorroïdes après un traitement en clinique
Les hémorroïdes peuvent récidiver après le traitement par ligature sur l’hémorroïde interne. Nous tentons de diminuer le taux de récidive en ajoutant un traitement par cryothérapie sur l’hémorroïde externe.
Quelles sont les causes fréquentes de récidive? Elles sont toutes reliées à l’augmentation soutenue de la pression veineuse dans la région pelvienne et surtout dans les veines hémorroïdaires.
Naturellement, une nouvelle grossesse.
Le soulèvement fréquent d’objets lourds.
Les efforts reliés à la défécation en cas de constipation.
Mais la cause la plus fréquente est la position accroupie prolongée :
- Rester assis sur la toilette, généralement avec le cellulaire ou le journal
- La position accroupie prolongée associée
- Au travail (électricien, peintre, plâtrier)
- Aux loisirs (jardinage, yoga, gym)
- Aux sports (haltérophilie, vélo de montagne, skidoo, baseball)
Les exercices de squat ordinaires ne sont pas en cause, puisque la position basse n’est pas prolongée.
On peut pallier lorsque c’est possible, par exemple
- En réglant le problème de constipation
- En utilisant des genouillères ou un petit tabouret pour le jardinage.
Mais le temps passé sur la toilette est la cause la plus fréquente et mérite qu’on s’y arrête.
Généralement, le temps consacré à la position assise sur la toilette ne devrait pas dépasser deux à trois minutes. Ce temps est suffisant pour vider l’ampoule rectale.
Si on a l’impression que la défécation n’est pas complète, c’est qu’il reste un bolus fécal dans le colon sigmoïde. Dans ce cas il vaut mieux se lever et faire autre chose, en attendant que l’appel de la nature se fasse sentir plus tard (dans quelques minutes très souvent). Alors la deuxième période de deux à trois minutes complète le travail.
Parfois le temps consacré à la toilette correspond au besoin de s’isoler.
Mais le fait de passer quinze, trente minutes ou parfois plus, dans cette position augmente la pression veineuse sur les plexus hémorroïdaires et favorise de nouvelles varices hémorroïdaires.
Pour une visite concernant un problème hémorroïdaire
Comment se préparer
Il est souhaitable de prendre un analgésique (Tylenol ou Advil, s’il n’y a pas de contre-indication de votre médecin de famille) une heure avant votre visite, car vous aurez probablement un traitement de ligature élastique et de cryothérapie. En effet, bien que le traitement lui-même soit généralement bien tolérable, on peut observer un inconfort ou parfois même une douleur généralement de courte durée (15 à 30 minutes).
Il est important d’arrêter les médicaments qui « éclaircissent » le sang (nuisent à la formation de caillots) afin de ne pas avoir de saignement important suite è cette procédure. Il peut s’agir de médicaments anti-plaquettaires (Aspirine, Clopidogrel (Plavix) ou autres) ou des anticoagulants (Coumadin, Eliquis, Xarelto ou autres). La plupart de ces médicaments devraient être arrêtés le jour même de la procédure et au moins 7 jours par la suite. Il est important d’obtenir l’accord de votre médecin avant d’interrompre la prise de ces médicaments.
A quoi s’attendre pendant ?
Quoique sujets à beaucoup d’appréhension, cet examen et les procédures de traitement se déroulent généralement très bien. Votre médecin vous expliquera chaque étape. Après vous avoir questionné, il débutera par inspecter la région anale puis procèdera à un examen avec son doigt (toucher rectal). Par la suite, il introduira par l’anus un petit scope qui lui permet de visualiser les hémorroïdes internes. Si celles-ci sont confirmées, il pourra alors, avec votre accord, procéder au traitement qui consistera en la ligature avec élastiques suivi d’application de cryothérapie. Le tout dure à peine quelques minutes et quoiqu’inconfortable n’est généralement pas très douloureux.
Le traitement des hémorroïdes internes se fait généralement au rythme d’une hémorroïde par visite afin d’assurer une bonne visualisation et éviter les complications.
Et après la visite ?
Immédiatement après la procédure, on peut ressentir un besoin de défécation. Il s’agit presque toujours d’une « fausse envie » qui disparaîtra spontanément en une (ou quelques) heures. Il n’est pas dangereux d’aller déféquer après la procédure mais si la selle ne vient pas facilement, il faut éviter de faire des efforts et comprendre qu’il s’agissait probablement de cette fausse envie.
Il arrive à l’occasion que la procédure soit suivie de douleurs. Ceci est variable d’une fois à l’autre et il ne faut donc pas s’étonner si une procédure est plus ou moins inconfortable qu’une précédente. En général cette douleur est modérée et soulagée par des analgésiques (Tylenol ou Advil) ou par des anti-inflammatoires (Aleve ou Naproxen). Des bains de siège (s’assoir les fesses dans l’eau tiède et chaude) peuvent également aider. Finalement, assurez-vous de garder les selles molles en prenant assez de fibres et d’eau, ou encore des laxatifs qui vous seront prescrits ou alors en vente libre sur conseil de votre pharmacien.
Dans les jours suivant la ligature, la varice hémorroïdaire nécrose et se mêle aux selles. Les élastiques sont libérés (2 à 10 jours) et sont évacués. Il se forme alors une plaie au site de la ligature. Cette plaie peut saigner légèrement, surtout si les selles sont rugueuses. On peut alors observer un peu de sang sur la selle ou même sur le papier, plus rarement dans l’eau. La quantité est minime et le saignement cesse généralement en deux ou trois jours.
La plaie guérit ensuite et lors de la visite subséquente, on peut souvent observer une cicatrice blanchâtre au site de la ligature.
Quand s’inquiéter ?
Si un saignement très abondant (comme une hémorragie) apparaît, il faut alors se présenter à une urgence. Ceci est rare et habituellement associé à la prise d’anticoagulants.
Si la douleur est très intense, non-soulagée par la médication, si elle s’accompagne de fièvre ou d’une d’incapacité à uriner, il est important de consulter.
Dans ces circonstances, vous pouvez appeler à la clinique durant les heures ouvrables (de 7h à 13h) et laisser un message. Vous recevrez un retour d’appel. Si vous êtes en dehors des heures ou des journées ouvrables, vous devrez vous présenter à une urgence.
Comment traiter les hémorroïdes
Le traitement des hémorroïdes internes
Tout d’abord, on doit s’assurer que les symptômes ne sont pas causés par une autre pathologie. Ainsi, la présence de sang peut être causée par une fissure anale, une proctite ou une tumeur. Donc il est important de faire un diagnostic différentiel.
Ensuite, si les hémorroïdes sont la cause des symptômes, on choisit le traitement le plus approprié. Très souvent, les crèmes et onguents offerts sur le marché n’apportent qu’un soulagement temporaire et partiel. C’est alors le temps de consulter.
Depuis plus de 25 ans, le traitement chirurgical a été remplacé dans la très grande majorité des cas. La chirurgie des hémorroïdes avait la réputation d’être très douloureuse: en effet, les patients pouvaient endurer des douleurs sévères pendant deux à quatre semaines. De plus, la chirurgie ne protège aucunement contre les récidives.
Voir le thème « chirurgie classique » pour hémorroïdectomie, telle qu’elle se pratiquait au siècle dernier, pour voir le résultat de l’opération.
Plusieurs autres techniques ont été tentées pour remplacer la chirurgie. Une seule a démontré sa supériorité sur toutes les autres méthodes: la ligature hémorroïdaire.
Le procédé consiste à aspirer la veine hémorroïdaire dans un petit cylindre, puis à éjecter deux bandes élastiques à la base de la varice hémorroïdaire. Cela amène une strangulation de la veine.
Si la technique est bien faite, la ligature n’est pas douloureuse. Le patient ressent un inconfort qui dure en général une douzaine d’heures. Il ressent aussi une fausse envie, c’est -à-dire le besoin de déféquer (même si l’ampoule rectale est vide).
Une exception toutefois: en présence d’une fissure anale concomitante, la douleur peut être plus intense, parfois jusqu’à une semaine. Il convient alors de donner des médicaments ou des onguents analgésiques.
Après deux à trois jours, l’hémorroïde nécrosée se mêle aux matières fécales, de même que les élastiques.
On observe souvent un peu de sang dans la semaine qui suit la ligature. Cela arrive lors de la chute de l’hémorroïde.
Après une ou deux semaines, une petite cicatrice blanchâtre est souvent visible sur le site de la ligature.
Cette technique, en plus d’éliminer l’hémorroïde, génère donc une petite cicatrice qui permet de fixer la muqueuse en place et aide à prévenir la formation de nouvelles hémorroïdes.
Comme il y a en général deux ou trois paquets hémorroïdaires, on procède à un traitement en deux ou trois épisodes.
Dans certains cas, on peut faire plus d’une ligature lors d’une même visite, mais l’inconfort est alors plus grand.
Lorsqu’on choisit d’en faire plus qu’une, par exemple en cas de saignement de deux paquets hémorroïdaires, on peut s’attendre à plus de douleur dans les jours qui suivent, mais la douleur demeure modérée dans la plupart des cas.
Exceptionnellement, on peut faire au total jusqu’à six ligatures ou même plus, mais cela est plutôt rare.
Le traitement des hémorroïdes externes
Il ne faut pas confondre les hémorroïdes externes avec d’autres lésions que l’on peu retrouver à la marge anale : marisques, condylomes, lésion tumorale ou autres. C’est le rôle du médecin de déterminer la nature des lésions observées.
Les hémorroïdes externes sont le résultat de gonflements hémorroïdaires (internes et externes) dans le passé, par exemple au cours de la grossesse. Ce sont des languettes de peau qui ne donnent habituellement que peu de symptômes.
Leur principal inconvénient est de nuire à l’hygiène locale, lorsqu’elles sont volumineuses, sans compter le préjudice esthétique.
Lorsqu’un traitement est indiqué, on peut les enlever par une chirurgie sous anesthésie locale, quoique pour de petites lésions la cryothérapie est parfois suffisante.
Dans la majorité des cas, il vaut mieux les laisser en place, tout en assurant une bonne hygiène locale.
Conseils pratiques
Afin de vous aidez, nous avons mis à votre disposition plusieurs conseils utiles.